En 1872, Gaudence Maréchal, âgé de vingt-trois ans, enfant bâtard et orphelin de mère, débarque à Alger. Il n’y connaît personne mais il a la ferme intention de réussir. Ne dit-on pas alors aux jeunes gens que l’Algérie appartient à la France et qu’il suffit de se baisser pour devenir riche, très riche ?
Les hommes s’appellent Mohamed couvre plusieurs décennies de la vie de Gaudence Maréchal qui découvrira une société traversée par des clivages politiques, culturels et religieux parfois sanglants : une société bien différente de l’eldorado annoncé. À l’histoire tourmentée d’un pays s’ajoute celle, intime, d’un homme honnête, soucieux de fraternité et de justice.
En cette année 2012, l’Algérie commémore le cinquantenaire de son Indépendance.
Un extrait:
Il ne me fait pas peur. Comme tout domestique avisé de se garantir, je veux protéger mon maître d’un mauvais coup qui rejaillirait sur moi. Je veux également protéger Mme Jonquère. Que deviendrait-elle si le second frère Paune-Jonquère était assassiné ?
Ses cheveux humides et plats laissent apercevoir son crâne dégarni. À présent, cet homme fatigué ne se bat plus que contre la mouche qui bzille autour de sa tête. Ses beaux habits de maître sont fripés. J’ai l’impression de participer à l’expérience des vases communicants, je me remplis et je m’affirme. Il s’affaiblit et se vide. Il me regarde par en dessous.
— Vous êtes jeune, mais je vais vous apprendre ceci : l’Algérie est une femme. Parfois un homme consent au mariage. Il tombe dans le piège qu’on lui a tendu. Les années passent puis, un jour, il s’aperçoit qu’il est trop tard. Comment dire à cette femme qu’il s’est trompé, qu’il voudrait la quitter, qu’il ne l’aime plus ? Il ne le dit pas. Impossible de démériter publiquement. Il lui faut travailler pour cette femme et continuer de vouloir son bonheur.
Une fois dans l’escalier, il dit d’une voix affermie :
— Madame a écrit. Elle rentre plus tôt que prévu. Elle sera de retour pour la Noël.
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ISBN | 9782882413147 |
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Verlag | Bernard Campiche |
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