Excerpt from Le Lai De L'ombreUn chevalier aime une dame, qui ne l'aime pas. Un jour qu'ils sont tous deux assis devant le chateau de la jeune femme, sur la margelle d'un puits, elle exige qu'il reprenne un anneau qu'il lui a donné. Longtemps, il re'siste et supplie, mais quand il a enfin compris que ses priéres resteront vaines, il cédez Soit, rendez-le moi. Il prend l'anneau et le regarde doucement Merci, dit-il, l'or n'en est pas noirci, pour avoir été ä votre main. Elle sourit, croyant qu'il va le remettre ä son doigt. Mais il fait alors chose de grand sens, qui lui tourna ensuite ä joie. Il s'est accoudé sur le puits, et voit dans l'eau belle et claire l'ombre de sa dame Sachez, fait-il, que je ne garderai pas cet °_anneau mais ma douce amie l'aura, celle que j'aime le mieux apres vous. Dieu! Dit-elle, toute surprise, nous sommes seuls ici, ou l'aurez - vous si töt trouvée? La, voyez la, votre belle ombre qui l'attend. Il prend l'annelet et le tend vers l'ombre Tenez, ma douce amie, puisque ma dame ne le veut point, vous le prendrez bien sans refus. A la chute de l'anneau, l'eau s'est un peu troublée, et quat1d l'ombre se deq¿st Voies, fait-il, dame, or l'a pris. Et elle, subitiement touchée et coquette encore, lui offre a son tour son propre anneau: Beau doux ami, tenez, je vous le donne comme votre amie, peut-etre ne l'aimerez-vous pas moins que le vötre, bien qu'il soit moins beau.Cette minuscule légende d'amour méritait detre contée en cinquante vers, et notre [ai en a prés de mille tant le poéte s'est attardé sur la route. A vrai dire, il a conserve' sa briéveté nécessaire a la petite scene que nous venons de redire d'apres lui, il a su conter légérement, non sans charme, moitié souriant, moitié attendri comme son heroine eile-meme, cette historiette ou la tendresse, sincere encore, se fait un peu trop spirituelle il a su maintenir sonrécit sur la limite indécise et charmante ou le sentiment devient sentimentalite'. Mais il ne se hätc point d'arriver ä cette scene finale, il la prépare longuement, lentement, avec amour, et ses petits vers faciles et monotones se succedent par centaines. Nous pouvons, lecteurs modernes, tourner les pages avec impatience et courir au dénoüment, mais il est manifeste que c'est a ces minutieux prepa ratifs que le trouvere tenait le plus, et les grandes dames et les grands seigneurs, moins pressés que nous, devant lesquels il récita son poéme, durent y prendre un plaisir extreme ce titre ces longueurs memes nous doivent intéresser.About the PublisherForgotten Books publishes hundreds of thousands of rare and classic books. Find more at www.forgottenbooks.comThis book is a reproduction of an important historical work. Forgotten Books uses state-of-the-art technology to digitally reconstruct the work, preserving the original format whilst repairing imperfections present in the aged copy. In rare cases, an imperfection in the original, such as a blemish or missing page, may be replicated in our edition. We do, however, repair the vast majority of imperfections successfully, any imperfections that remain are intentionally left to preserve the state of such historical works.